Pierre-sur-Haute, point culminant des monts du Forez, disent les guides touristiques... C'est aussi un lieu sensible sur le plan militaire. En effet, il abrite une station hertzienne strictement protégée, mesure qui ne surprendra personne. L'installation a son article sur Wikipédia depuis le 24 juillet 2009, ce qui n'est pas non plus une surprise. La surprise, en réalité, elle intervient ce 4 avril : le bulletin des administrateurs publie un message qui va susciter un vif débat :
"Bonjour,
je vous informe que l'article Station hertzienne militaire de Pierre sur Haute vient d'être supprimé par mes soins. Cet article contrevenait à l'article 413-11 du code pénal français (compromission du secret de la Défense nationale). La police française m'a convoqué en tant qu'administrateur, suite au refus de la Wikimedia Foundation de supprimer cet article en l'état des éléments fournis.
La remise en ligne engagera la responsabilité pénale de l'administrateur qui aura effectué cette action.
Remi M. (d · c). À Paris, ce 4 avril 2013 à 11:11 (CEST)"
Le contributeur n'est autre que Rémi Mathis, qui cumule la casquette d'administrateur de WP et celle de président de l'association Wikimédia France. Convoqué par la police - pas par un juge, la précision paraît nécessaire -, l'intéressé a jugé indispensable de supprimer l'article (*), mesure qu'il peut effectuer en tant qu'administrateur de WP. C'est là que le bât blesse, me semble-t-il, car il n'a pas été invité à répondre à ce titre aux autorités policières (D.C.R.I.) : c'est le président de Wikimédia France, association déclarée, qui a reçu la convocation ! En outre, il n'est jamais intervenu en tant que contributeur sur la rédaction de l'article consacré à la station de Pierre-sur-Haute ! La confusion des rôles et responsabilités est fâcheuse ; de plus, elle constitue un précédent dont on peut redouter qu'il donne lieu, tôt ou tard, à d'autres mises en demeure relevant non de la justice mais de l'autorité administrative. Si, comme l'a indiqué la police, des informations concernées par le "secret" ou le "confidentiel défense" étaient incluses dans l'article, la responsabilité en incombe au contributeur les ayant insérées : ce contributeur, dans le cadre d'une procédure légale, peut être identifié. Alors, pourquoi cette démarche à l'égard de Rémi Mathis, dont la réaction - on la devine plus émotive que réfléchie, en l'absence d'un conseil sur le plan juridique - a été immédiate et certainement inappropriée ?
L'affaire, qui ne va sans doute ne pas en rester là sur le plan de la communication, a le mérite de souligner le problème que pose l'appartenance à la direction de l'association Wikimédia France alors qu'on dispose des outils d'administrateur de Wikipédia. Une solution pourrait être mise en oeuvre facilement : instituer l'incompatibilité entre les deux fonctions. Un administrateur de WP élu au bureau de Wikimédia France rendrait son tablier le temps de l'exercice de son mandat associatif. Si tel avait été le cas, on voit mal comment Rémi Mathis aurait pu obéir à une injonction policière visant à la suppression d'un article. Celui-ci, au demeurant, a été restauré avec maintes modifications peu de temps après sa disparition...
Par ailleurs, je crois que le président de l'association dont l'une des missions consiste à promouvoir l'encyclopédie a des tâches à exécuter qui rendent son travail d'administrateur bien secondaire, voire dérisoire : sauf que cette situation lui permet de supprimer un article et que cette possibilité ne présente aucun avantage, ni pour lui, ni pour la communauté. Avec, en revanche, les conséquences dommageables qu'on voit aujourd'hui pour l'un et pour l'autre.
(*) Samedi 06/04/2013 à 19 : 50 - Le billet ci-dessus a été rédigé alors que je n'avais pas connaissance des conditions dans lesquelles la suppression a eu lieu : selon les informations publiées aujourd'hui sur le bulletin des administrateurs de WP, R. Mathis se trouvait dans les locaux de la D.c.r.i. et menacé d'être placé en garde à vue s'il ne procédait pas à cette opération. Je comprends dès lors qu'un contributeur et administrateur bénévole de WP, par ailleurs fonctionnaire, n'ait pas eu le choix face à une pression de cette nature... Une question, en tout cas, reste posée : pour quel motif réel la D.c.r.i. demande-t-elle en avril 2013 la suppression d'un article créé en juillet 2009 ? Test en vue d'autres interventions ? Initiative d'un fonctionnaire zélé en male de reconnaissance ? Diversion ? L'avenir (lointain) dira peut-être ce qu'il en est ; pour l'instant en revanche, l'impact médiatique se confirme. A noter également que trois administrateurs de WP, dont RM, exerçant des responsabilités au sein de Wikimédia France, ont demandé la suspension temporaire de leur statut : sage décision qui leur permet d'éviter une nouvelle mesure coercitive sur la légalité de laquelle il n'est pas inopportun de s'interroger.
"Bonjour,
je vous informe que l'article Station hertzienne militaire de Pierre sur Haute vient d'être supprimé par mes soins. Cet article contrevenait à l'article 413-11 du code pénal français (compromission du secret de la Défense nationale). La police française m'a convoqué en tant qu'administrateur, suite au refus de la Wikimedia Foundation de supprimer cet article en l'état des éléments fournis.
La remise en ligne engagera la responsabilité pénale de l'administrateur qui aura effectué cette action.
Remi M. (d · c). À Paris, ce 4 avril 2013 à 11:11 (CEST)"
Le contributeur n'est autre que Rémi Mathis, qui cumule la casquette d'administrateur de WP et celle de président de l'association Wikimédia France. Convoqué par la police - pas par un juge, la précision paraît nécessaire -, l'intéressé a jugé indispensable de supprimer l'article (*), mesure qu'il peut effectuer en tant qu'administrateur de WP. C'est là que le bât blesse, me semble-t-il, car il n'a pas été invité à répondre à ce titre aux autorités policières (D.C.R.I.) : c'est le président de Wikimédia France, association déclarée, qui a reçu la convocation ! En outre, il n'est jamais intervenu en tant que contributeur sur la rédaction de l'article consacré à la station de Pierre-sur-Haute ! La confusion des rôles et responsabilités est fâcheuse ; de plus, elle constitue un précédent dont on peut redouter qu'il donne lieu, tôt ou tard, à d'autres mises en demeure relevant non de la justice mais de l'autorité administrative. Si, comme l'a indiqué la police, des informations concernées par le "secret" ou le "confidentiel défense" étaient incluses dans l'article, la responsabilité en incombe au contributeur les ayant insérées : ce contributeur, dans le cadre d'une procédure légale, peut être identifié. Alors, pourquoi cette démarche à l'égard de Rémi Mathis, dont la réaction - on la devine plus émotive que réfléchie, en l'absence d'un conseil sur le plan juridique - a été immédiate et certainement inappropriée ?
L'affaire, qui ne va sans doute ne pas en rester là sur le plan de la communication, a le mérite de souligner le problème que pose l'appartenance à la direction de l'association Wikimédia France alors qu'on dispose des outils d'administrateur de Wikipédia. Une solution pourrait être mise en oeuvre facilement : instituer l'incompatibilité entre les deux fonctions. Un administrateur de WP élu au bureau de Wikimédia France rendrait son tablier le temps de l'exercice de son mandat associatif. Si tel avait été le cas, on voit mal comment Rémi Mathis aurait pu obéir à une injonction policière visant à la suppression d'un article. Celui-ci, au demeurant, a été restauré avec maintes modifications peu de temps après sa disparition...
Par ailleurs, je crois que le président de l'association dont l'une des missions consiste à promouvoir l'encyclopédie a des tâches à exécuter qui rendent son travail d'administrateur bien secondaire, voire dérisoire : sauf que cette situation lui permet de supprimer un article et que cette possibilité ne présente aucun avantage, ni pour lui, ni pour la communauté. Avec, en revanche, les conséquences dommageables qu'on voit aujourd'hui pour l'un et pour l'autre.
(*) Samedi 06/04/2013 à 19 : 50 - Le billet ci-dessus a été rédigé alors que je n'avais pas connaissance des conditions dans lesquelles la suppression a eu lieu : selon les informations publiées aujourd'hui sur le bulletin des administrateurs de WP, R. Mathis se trouvait dans les locaux de la D.c.r.i. et menacé d'être placé en garde à vue s'il ne procédait pas à cette opération. Je comprends dès lors qu'un contributeur et administrateur bénévole de WP, par ailleurs fonctionnaire, n'ait pas eu le choix face à une pression de cette nature... Une question, en tout cas, reste posée : pour quel motif réel la D.c.r.i. demande-t-elle en avril 2013 la suppression d'un article créé en juillet 2009 ? Test en vue d'autres interventions ? Initiative d'un fonctionnaire zélé en male de reconnaissance ? Diversion ? L'avenir (lointain) dira peut-être ce qu'il en est ; pour l'instant en revanche, l'impact médiatique se confirme. A noter également que trois administrateurs de WP, dont RM, exerçant des responsabilités au sein de Wikimédia France, ont demandé la suspension temporaire de leur statut : sage décision qui leur permet d'éviter une nouvelle mesure coercitive sur la légalité de laquelle il n'est pas inopportun de s'interroger.